L'EBITDA, Un agrégat financier par trop hégémonique !

 

Jean-Bernard Cappelier, commissaire aux comptes et président honoraire du conseil régional de l'ordre Nord Pas de Calais pointe le caractère caricatural et réducteur de l'utilisation systématique de l'Ebitda pour évaluer une entreprise. 

 

L'EBITDA, un agrégat financier par trop hégémonique ! Et de fait cette addition simplificatrice est un support financier sans réalité concrète de la comparaison de la gestion des entreprises ! C’est une hégémonie dans les relations entre investisseurs ! C’est in fine des critères de suivi sans racine d’humanité !

 

Pourquoi rejeter l’EBITDA ?

 

Pour simplement obtenir une approche de valorisation plus concrète de la valeur des entreprises : nous proposons de ne pas coller à cet agrégat, total ou partiel, mais bien au contraire de le rejeter à son niveau utile ... donc d’intérêt limité ! Une entreprise mérite mieux pour appréhender sa valeur que trois ou quatre chiffres cumulés. Nous souhaitons donc une démarche d’accompagnement dans le calcul de la valeur basé sur les critères intrinsèques traditionnels de l’entreprise et cela de l’artisan au process industriel.

 

Les véritables approches de la valeur d’une entité

 

Le capital technique, les marques ou la reconnaissance spontanée 

C’est dans la restauration que l’on détecte l’image concrète de ces mises en valeur individuelle ou collective, par exemple Paul Bocuse et Thierry Marx. De fortes individualités qui ont su élever leurs outils et le travail au quotidien. Leur image, les marques et savoirs-faire « préservés » juridiquement afin d’en assurer la pérennité ne seront pourtant pas reprises dans l’EBITDA. Mais aussi plus modestement les brasseurs ou les artisans qui reprennent les jouets de salon et de bistrots ...

 

Le capital humain et les savoir-faire oubliés…

 

Du Relais à Bonduelle en passant par Michel et Augustin, des personnels engagés sur des projets partagés. Lors d’une cession ou une reprise il est essentiel de prendre en compte les savoir-faire au quotidien. Très souvent, les financiers ignorent ces valeurs, bien au contraire et fréquemment ces actifs sont  "massacrés" par la visite de réorganisateurs ou autres conseils afin de réduire les coûts salariaux ... afin d’améliorer bien entendu les EBITDA des exercices suivants, mais en oubliant l’avenir des process artisanaux ou industriels.

 

Le capital clients, notoriété, fidélité

Heureusement la valorisation des nouvelles entités « Internet » prennent en compte ce critère pour valoriser les actifs, un mal parfois déviant comme la valorisation de Wanadoo à l’actif des pages jaunes (SOLOCAL).., un bien souvent car la valorisation des volumes d’activité vient sans nul doute après la fidélisation comme par exemple récent Doctolib.

 

Les amortissements réels ou techniques

 

Les amortissements et provisions, charges d’exploitation non financières, composants importants de l’EBITDA ne sont pas retraités. Il en est de même de la location des matériels de production, alors même que très fréquemment leur valeur résiduelle est faible voire nulle. Quant aux emplacements, c’est la bouteille à encre, chaque entreprise ayant ses propres critères et comparaisons avec ses concurrents. Enfin la crise sanitaire de 2020 ne glorifiera pas les fonds de commerce.

 

Un diagnostic concret le principe E-THIC

 

Une démarche authentique basée sur les réalités concrètes de l’entité cible

Nous vous proposons de revenir aux critères objectifs, pour appréhender le résultat courant d’une entité et son corollaire, la valeur actuelle ou future.

 

Pour une démarche de qualité, la marge brute ou opérationnelle !

 

Élément essentiel de la création et la vie de l’entreprise le positionnement produits / marchés. Les grandes réussites passent par cet axiome, on peut citer ZARA et l’impulsion donnée par son fondateur dans des copies souvent serviles sont bien exploitées !

Cela va de l’art artisanal et le choix des matières premières ou aux services achats et son pilote créatif.

L’impact des coûts logistiques font bien entendu partie intégrante, à notre avis, de l’expression du résultat et de la marge ; sans omettre le coût des devises et les couvertures de change y compris demain la cryptomonnaie.

 

Les coûts directs de l’outil de travail

 

Le plus bel exemple territorial de la prise en compte de cet agrégat est l’implantation de Toyota dans le Valenciennois. Choix de qualité de main d’œuvre et donc de productivité (sans SAV ou presque) et de l’emplacement sur un marché global. Une cohésion pouvoirs publics (JL Borloo) et syndicats de branche à saluer et en harmonie sur les projets.

 

Les coûts indirects

 

Souvent mélangés avec les coûts commerciaux ou industriels, et sauf analytique détaillée, c’est une surveillance ligne à ligne ou pour des contrôleurs de gestion pointilleux mais utiles :

  • Grammage du papier des photocopieurs
  • Papier recyclé pour les feuilles de travail
  • Emplacement des machines à café ...
  • Et plus encore !

 

Les charges structurelles

A l’inverse de Sénèque qui estime « que l’on ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où on va », nous estimons qu’un bon pilote est indispensable au bon fonctionnement des projets ! Mais c’est aussi une équipe qui fait passer les messages ou qui prend les sujets opérationnels en compte. Cependant l’équipe doit rester coller au terrain et aux projets partagés, afin d’obtenir un résultat dont la récurrence sera utile !

 

On l’aura compris, et pour conclure, dans l’intérêt des entités et des financiers, nous considérons que l’avenir des entreprises passe par un rejet de l’EBITDA comme seul agrégat pertinent d’évaluation ... et c’est seulement après des analyses détaillées et des retraitements ad hoc qu’une évaluation par l’utilisation de multiple mesures sera possible et non seulement un multiple de 5 ou 6… au total d’une addition simpliste.

 

Vive l’analyse différenciée que l’on appellera « E-THIC » pour prendre des décisions opportunes !

 

 

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