Dans les coulisses de la Commonwealth War Graves Commission

Crédit : Eric Compernolle Crédit : Eric Compernolle

Xavier Puppinck, directeur France de la Commonwealth War Graves Commission explique la structure originale qui gère les cimetières militaires des soldats du Commonwealth. "La haute couture de l'horticulture pour la mémoire des soldats".

Pendant quatre ans, on aura beaucoup commémoré le centenaire de la Grande Guerre. De quoi mettre en lumière tous les cimetières militaires qui jalonnent notre pays, dont une grosse densité dans notre région. Parmi lesquels des cimetières et mémoriaux des soldats du Commonwealth morts sur notre sol, toujours impeccablement tenus. Qui sait que derrière ces lieux de mémoire de la première et la seconde guerre mondiale se cache une logistique très rigoureuse et une organisation plus que centenaire basée à Beaurains près d’Arras ?
La Commonwealth War Graves Commission (Commission des tombes de guerre du Commonwealth) se révèle une grosse entreprise, très à part, au service de la mémoire des soldats disparus.
Pas moins de 400 salariés assurent que les 570 000 soldats tombés pour la France et issus du Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande, Canada, Inde, Australie et Afrique du Sud sont commémorés sur des sites entretenus à la pointe de l’excellence, afin de ne pas les oublier. Parmi ces collaborateurs figurent des métiers attendus comme les horticulteurs, d'autres moins comme des ébénistes, des ferronniers et des graveurs de stèles... Un quart travaille au siège et les trois quarts au plus près du terrain dans une trentaine de sites délocalisés. L'unité de Beaurains est ouverte au public depuis 2019. Le budget français de la structure n'est pas rendu public.

Découverte. 

Comment assurez-vous votre mission sur plus de 3 000 sites en France ?
Nous avons une centaine de salariés à Beaurains (artisans et administratifs dont une dizaine de britanniques) et 300 horticulteurs déportés sur une trentaine de sites, essentiellement dans les Hauts de France, en Normandie mais aussi à Marseille et Saint-Nazaire. Cela nous permet de nous occuper de 1 278 cimetières et mémoriaux (construits par la CWGC sur des terrains concédés à perpétuité par l’Etat français) et de quelques stèles réparties dans 2 000 cimetières communaux. Le site le plus emblématique est celui de Thiepval dans la Somme avec ses 72 000 soldats commémorés, le plus gros site mondial de la CGWC. Et le dernier cimetière créé fut celui de Fromelles (59), il y a 12 ans. Beaurains s’occupe aussi de la fabrication de 3 000 stèles/an pour les cimetières du Commonwealth du monde entier.

Pensez-vous construire de nouveaux cimetières ?
Oui, d’ici 2023 à Loos-en-Gohelle, car une cinquantaine de corps de soldats sont retrouvés tous les ans, à l’occasion de constructions diverses sur des anciens champs de bataille, comme celle de l’hôpital de Lens actuellement ou du futur Canal Seine-Nord Europe à partir de 2024. A chaque fois, une cérémonie est organisée avec les honneurs militaires, un détachement du régiment et de la famille.

D’où provient votre budget annuel de fonctionnement ?
La CGWC, dont le siège est au Royaume-Uni, est présente depuis 1917 dans le monde entier avec 1 300 salariés, répartis dans cinq zones dont la France, pour commémorer 1,7 million de soldats tombés lors des deux guerres mondiales, dont un tiers en France. Le budget annuel mondial est de 80 M£, alloué par les ministères de la Défense des six pays contributeurs du Commonwealth, de façon constante tous les ans. Il est utilisé à 75% pour les salaires et le reste, pour l’achat de matériel et des matières premières (pierre de stèle, bois, charbon, fer, bronze). La Commission n’est pas autorisée à recevoir d’autres ressources financières, excepté quelques paiement pour des travaux de rénovation payés par les états (10% du budget). C’est pourquoi lors de l’ouverture en 2019 au grand public du site de Beaurains, l’accès a été rendu gratuit et une Fondation a été créée pour recevoir quelques contributions de visiteurs et les recettes de la boutique. Il a reçu 3 833 visiteurs entre juin et décembre 2019.

Y a-t-il une contribution de l’Etat français de façon indirecte ?
Oui, avec une exemption de taxe foncière concernant les terrains sur lesquels sont construits les cimetières. Autre exemple, le site de Thiepval va connaître une campagne de travaux de rénovation de 3 M€. La DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), le département de la Somme et la Région vont y contribuer à hauteur de1M€.

Quels sont les défis à relever pour la CWGC France dans les années à venir ?
Nous travaillons à développer la notoriété du site de Beaurains qui permet au grand public de découvrir le travail au quotidien de nos artisans et la mission de la CGWC dans le monde. Egalement, d’ici dix ans, 50% du personnel partira à la retraite, avec un savoir-faire unique. Il faut anticiper ces départs en formant de nouvelles équipes à nos techniques spécifiques (certaines élaborées en 1917), notre histoire et notre culture. Nous ne sommes pas une entreprise d’espace vert comme les autres. Quand nous embauchons un horticulteur, il ne fait pas qu’entretenir le gazon. Il rejoint « la haute couture de l’horticulture », pour veiller à la mémoire de ces soldats. Ça donne une autre dimension à son travail. C’est pourquoi depuis 2019, nous avons décidé d’embaucher des apprentis, pour anticiper ces transmissions.

Pourquoi ce choix de l’apprentissage ?
Aujourd’hui, nous avons une vingtaine d’apprentis. Nous sommes convaincus que nous avons un rôle sociétal à jouer dans l’écosystème régional. Et l’apprentissage a également des vertus en interne. Les salariés qui forment sont amenés à prendre du recul par rapport à leur métier. Et cela nous permet de détecter les bons formateurs, qui peuvent devenir les managers de demain.

 

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