Impacte Capital veut redonner un avenir aux chaussures
Marie Soudré-Richard, Guillaume Haffreingue et Hélène Guerret ont créé en mai Revival pour porter un projet industriel aux ambitions européennes dans l’économie circulaire de la chaussure. Décoiffant.
Le recyclage des chaussures est quasi inexistant en Europe. Tout reste à faire pour élaborer une filière rentable. C’est le pari de la jeune pousse des Hauts-de-France Impacte Capital, fondée en mai dernier. Mais ses dirigeants Marie Soudré-Richard, Guillaume Haffreingue et Hélène Guerret travaillent... d’arrache-pied sur leur projet « Revival » depuis déjà un an et demi. De leurs expériences respectives - principalement dans le retail -, ils tirent un constat criant : sur les 415 millions de paires de chaussures produites annuellement en France, la « filière à responsabilité des producteurs » ne récolte que 36% des chaussures usagées. Pire, 92% de ces chaussures collectées par les centres de tri sont incinérées ou exportées vers les pays en développement.
Les enjeux sont donc colossaux. L’ambition des fondateurs d’Impacte Capital l’est tout autant : ils veulent créer la première chaîne industrielle européenne de recyclage des chaussures invendues et/ou invendables. Un projet qui arrive à point nommé puisque la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (Agec) votée cette année interdit désormais la destruction des stocks invendus des marques et des distributeurs.
Une solution (bientôt) brevetée
Impacte Capital propose sa solution de revalorisation soit en boucle ouverte (en collectant simplement les invendus), soit en boucle fermée (en proposant une collaboration aux marques et distributeurs, de la collecte jusqu’à l’éco-conception). La jeune pousse est capable de traiter tous les polymères et caoutchouc de l’industrie du footwear. « L’idée est de transformer ces matières en une matière nouvelle, réutilisable. et ainsi, à plus long terme, participer à la re-production française et européenne », indique Guillaume Haffreingue. Encore faut- il que les matières recyclées ressortent à un prix équivalent à celui des matières vierges.
Impacte Capital compte y arriver par la massification. La société confie les chaussures de ses partenaires - des négociations sont très avancées avec des grands noms, tenus secrets - à un atelier du Touquet, chargé de les désassembler. Les tiges textiles sont séparées des semelles grâce à un réacteur innovant, mis au point avec un acteur universitaire régional et un collège doctoral de Lille.
« Nous utilisons une solution existante, le réacteur, et l’adaptons à notre problématique. La séparation des matières se fait de manière la plus vertueuse possible, sans utiliser de produits nocifs, détaille Guillaume Haffreingue. C’est là que réside l’innovation de notre procédé et nous comptons le breveter. » Les semelles sont ensuite transportées dans un centre de broyage à Tournai, en Belgique.
2 600 tonnes de matière recyclée
Les fondateurs d’Impacte Capital, accompagnés par Bpi (FrenchTech) et l’Adème, espèrent disposer rapidement de leur propre site industriel en région - pas encore arrêté - qui accueillera les chaînes de tri et de broyage. Ce projet est accompagné par le logisticien Log’s. De quoi accueillir une unité pilote pour traiter les premières tonnes : 150 à 200 tonnes de matières recyclées en 2022. Pour alimenter l’ensemble de sa phase semi-industrielle, la société recherche 1,5 M€ dont elle aurait déjà sécurisé un tiers.
L’an prochain, Impacte Capital prévoit de mailler le territoire régional puis national (avant d’attaquer l’Europe) à travers des points de collecte névralgiques. Les fondateurs ne communiquent pas sur le chiffre d’affaires espéré, mais visent l’équilibre dès 2023 avec 15 à 20 salariés. Et le recyclage de 3 250 tonnes de chaussures à horizon 2025, soit 2 600 tonnes de matière recyclée.
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