Fogo fait monter la température avec ses radiateurs design

29/03/2023 Julie Kiavué Entreprendre

Victor D'Halluin. Son chauffage mural nouvelle génération promet une chaleur écologique et instantanée. Une Deep Tech façon Hauts-de-France, déjà récompensée d’un Innovation Award au CES 2023 de Las Vegas.

A tout juste deux ans, Fogo s’apprête à débuter sa commercialisation cet été auprès d’une centaine de clients. La jeune pousse lilloise s’est déjà fait repérer dans le milieu pourtant ultra concurrentiel du chauffage électrique. A sa tête, Victor D’Halluin (à g. sur la photo). Un designer industriel de 35 ans qui, après être passé chez Philips, Kingfisher ou encore Carrefour, a développé le goût de l’entrepreneuriat. Avant de franchir le pas en 2015. En parallèle de son poste de designer produit et innovation chez Bic, il cofonde Obilab, un fabricant de batteries en carton pliable, qu’il revend à un groupe anglais trois ans plus tard.

« Quelque temps après, une connais- sance me parle de deux matériaux innovants qui représentent selon lui une opportunité de business. Il n’avait pas le temps de s’en occuper, donc il m’a encouragé à m’y intéresser de plus près », se souvient le Nordiste. Les matériaux en question : un béton fibré à ultra hautes performances appelé Ductal et une peinture à base de graphène produite par Carbon Waters près de Bordeaux. Ce matériau est fabriqué à partir de déchets et ne contient ni cuivre ni métal. « Au départ, j’ai dessiné des sols, des ballons d’eau chaude et plein d’autres équipements de la maison avant d’arriver au radiateur ».

Deux brevets européens

Fin 2019, Victor D’Halluin participe à une session de pré-incubation à Euratechnologies, qui lui ouvrira les portes du programme. Il décroche ensuite un prêt de 30 K€ de la Région, puis 90 K€ de Bpi à travers la bourse French Tech Émergence qui soutient les projets d’innovation de rupture. Fogo a en effet déposé deux brevets en France étendus à l’Europe. Le premier protège l’association de la peinture en graphène et du béton fibré fourni par le groupe FEHR, partenaire industriel basé à Strasbourg, en charge de l’assemblage des radiateurs Fogo. « L’alliance des deux matériaux permet de passer de 0 à 100°C en moins de 30 secondes et assure un maintien de la chaleur sur la durée », détaille le dirigeant. Le second brevet préserve le process industriel.

A l’été 2020, Fogo décroche à nouveau une aide de Bpi de 250 K€, un prêt d’amorçage de la Banque Populaire du même montant. Le tout, en complément d’un tour de table de 400 K€ bouclé auprès de business angels locaux. « Ces premiers fonds nous ont permis d’acheter notre matériel de production et de réaliser nos prototypes ». Mais aussi d’embaucher deux ingénieurs pour créer les composants électroniques, un développeur de logiciel et un data scientist pour développer la partie intelligence artificielle.

Projet d'usine

Labellisée Deep Tech, Fogo développe en parallèle un modèle nomade de son chauffage pour lequel elle vise une commercialisation dans le sud du pays, mais aussi en Allemagne ou au Canada. Victor D’Halluin envisage de lancer une série A pour ses radiateurs nomades fin 2023. Ses ambitions à court terme : vendre plus d’un millier de Fogo l’an prochain, développer le sèche-serviette, embaucher 10 personnes supplémentaires. Mais surtout préparer, avec FEHR, l’ouverture d’une usine de production dans le Nord espérée en 2025. Et avec laquelle il espère 30 M€ de ventes au même horizon.

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