Meuble : Kreabel joue le modèle belge en terre française
A Tourcoing, l’enseigne familiale joue crânement sa carte face aux mastodontes du secteur. Sa recette : circuit court, agilité maximale et... quasiment pas de vente en ligne. Un modèle qui prouve son efficacité depuis trente ans.
« On se bagarre... On ne se laisse pas faire ! » D’entrée de jeu, Paul Lambrecht donne le ton. Ce dirigeant de 60 ans ne semble pas frémir face à l’ad- versité. A la tête de Kreabel, enseigne tourquennoise de meubles qu'il a fondée en 1989, il assure n’avoir aucune concurrence en France. « Nos principaux rivaux sont belges », estime celui qui a effectué l’entièreté de sa carrière dans l’univers du meuble depuis l’âge de 16 ans. Chiffre à l’appui : « Lorsque Crack (basée à Mouscron, ndlr) a dû fermer pendant la crise sanitaire, notre fréquentation a bondi de 40 % ! »
Au côté de géants tels Conforama, BUT ou IKEA, comment Kreabel résiste-t-elle ? L’entreprise indépendante et familiale commande auprès de fournisseurs mondiaux une kyrielle de références en très gros volumes - de l’ampoule à l’aménagement complet d’une cuisine. Cette stratégie, historique, lui permet ainsi d’acheter, et de vendre, à prix plus avantageux.
Agilité et circuit court
La direction met également un point d’honneur à renouveler régulièrement ses collections. « La nouveauté est dans notre ADN. Notre indépendance nous permet d’être très flexibles, de réagir très vite aux tendances et d’avoir parfois un an d’avance », détaille Charlotte, fille du dirigeant.
Ce dernier renchérit : « Les grands groupes passent par des centrales d’achat pour équiper tous leurs magasins. Nous, on n’en a qu’un. C’est tout de suite plus rapide ! Et on travaille en circuit court, du camion de nos fournisseurs au client. Là aussi, ça se ressent sur le prix final ».
Le web ? C'est tout sauf un levier de croissance pour Paul Lambrecht. Notamment du fait des frais de transport qui seraient trop élevés. « Beaucoup d’enseignes se mettent à la vente en ligne. Mais très peu gagnent de l’argent. Il y a 10 ans, on nous disait qu’on mourrait sans le web. Force est de constater qu’on est encore là ! ».
Un concept unique
Enfin, fort de ses 10 000 m2 d’exposition (et 20 000 m2 de stock !), Kreabel estime ne pas avoir d’équivalent parmi les enseignes indépendantes. Il y a bien eu quelques tentatives. Mais peu sont parvenues à transformer l’essai. « A notre arrivée, ce concept n’existait pas en France. Ce modèle 100% belge n’a pas pu être copié ici, essentiellement pour des raisons de protectionnisme et de taxes foncières trop importantes », considère l’entrepreneur qui pointe une taxe foncière française supérieure d’environ 30% à celle en Belgique. « C’est un vrai frein, regrette Paul Lambrecht. Avec une imposition plus favorable, nous aurions investi beau- coup plus dans notre développement ».
Cette année, Kreabel - qui doit supporter chaque mois 11 K€ de charges énergétiques supplémentaires - s’attend à stabiliser ses ventes à près de 12 M€ HT avec sa cinquantaine de salariés. Soit l’équivalent des ventes réalisées en 2022, en baisse de 12 à 15% par rapport à l’année précédente, un mouvement général pour le secteur.
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