Mickaël Coronado, l'électronique et l'entreprise dans l'ADN
Fondée sur un modèle ultra-agile, dopée par son gros client OVH, son entreprise électronique Inodesign a crû de 30% en pleine crise sanitaire. Et doit doubler dans les 3 ans.
C'est en démontant une alimentation de PC, vers ses 14 ans, que Mickaël Coronado a le déclic qui va changer sa vie. « Ca a été une vraie révélation. Ce jour là, j'ai arrêté toutes mes conneries. J'ai su tout de suite ce que je voulais faire, et même que je créerais ma boîte. Ca a été un sentiment de liberté ». Le jeune Tarbais ne se trompe pas alors, même si la création attendra quelques années. Il suit des études d'ingénieur en électronique avant d'entrer dans un bureau d'études. Lorsque celui-ci est racheté par une entreprise bordelaise, il y restera un an, basé à la Haute Borne, avant de prendre son indépendance, encouragé par une activité parallèle d'autoentrepreneur. Au retour d'un roadtrip de deux mois, « pour se laver la tête », il met toutes ses économies dans sa nouvelle société d'électronique Inodesign, qu'il installe à la Haute Borne, avec l'accompagnement de la BGE. Il basculera plus tard dans le hub innovation du même parc d'activités de Villeneuve d'Ascq. Nous sommes en novembre 2012. 9 ans plus tard, l'entreprise a déménagé 5 fois, connu une croissance spectaculaire pour monter de zéro à 600 K€ d'activité, suivie d'un gros trou d'air. « On manquait de fonds de roulement, nous n'étions pas assez connus et j'avais trop investi », raconte ce patron atypique à l'impressionnant tatouage sur le bras. Il met alors sa maison en gage, ouvre son capital (à l'IRD), et repart de l'avant. Avec une rencontre stratégique. « On a fait une démonstration pour OVH, ils ont signé un contrat ». Peu à peu, l'alliance fait merveille. Cartes électroniques, composants, plus tard câblerie, Inodesign désormais implantée à Croix, sur une enceinte d'OVH, développe tout en interne, sur mesure, avec une agilité exemplaire. Cinq entités gérées en autonomie, mais aussi 7 salariées à domicile – des mères de familles nombreuses, qui ont leur propre atelier à la maison, une automatisation très développée, avec des machines ultra-performantes, mais aussi des outils manuels pour des opérations spécifiques... le management d'Inodesign est assez unique. L'incendie spectaculaire du datacenter d'OVH à Strasbourg donnera à Inodesign l'occasion de montrer l'efficacité du modèle. Dans l'urgence, il faut alors remplacer des milliers de km de câbles et des milliers de cartes électroniques pour remplacer près de 30 000 serveurs. « On a été dans la première ligne, se souvient Mickaël Coronado. On a demandé aux autres clients qui le pouvaient de décaler les livraisons, on est passés en 3 x 8 et on a multiplié par 3 ou 4 notre capacité de production, même nos ingénieurs ont tourné en production, c'est notre mindset (mentalité)», raconte en anglais celui qui avait pourtant renoncé à un diplôme en automatisme par refus de passer le TOEIC.
Trésor de guerre
Mais l'importance d'OVH dans le carnet de commandes d'Inodesign, monté jusqu'à 65% de ses ventes, est une fragilité que le dirigeant veut traiter. Ce sera par la croissance. Cela tombe bien, les marchés pleuvent chez cet acteur hors normes capable, grâce à son organisation et son outil de production, de contourner les très vives pénuries du moment, notamment du cuivre, le cœur des câbles. Et par son flair : quand son correspondant en Asie l'avertit, bien avant le confinement, d'un risque de pénurie, il fait le pari d'acheter 100 000 connecteurs ! Mais aussi tous les fonds de stocks disponibles. Un véritable trésor de guerre quand le marché pleure après les composants. « Aujourd'hui, c'est le délai qui devient l'argument, devant la qualité puis seulement le coût », raconte le dirigeant.
L'homme, qui réinjecte tout les bénéfices dans l'outil, caresse aujourd'hui un autre projet détonant : une unité de production entièrement automatique de câble, qu'il appelle le "Photomaton du câble", qui pourrait être gérée directement chez les clients eux-mêmes, sans le moindre opérateur. Autant de développements qui permettent à l'entrepreneur d'imaginer un doublement dans les trois ans pour atteindre les 10 à 12 M€ et de passer de 50 (dont 12 ingénieurs) à 75 salariés.
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