NectarGo veut digitaliser le circuit court

La présence des produits alimentaires locaux dans les grands magasins est un argument commercial fort. Mais leur logistique se révèle chronophage. NectarGo apporte une solution numérique clé en mains. Avec de grosses ambitions.

 

Si la logistique est devenue une véritable industrie hyperconnectée, la mise en relation et la logistique du circuit court laissent encore fortement à désirer. C'est sur ce segment spécifique que NectarGo se positionne. L'entreprise a été fondée en pleine crise sanitaire, en octobre 2020, par Martin Pennel. Cet ESCP, riche d'un ADN entrepreneurial évident (son père dirige Reg et préside le Medef régional), a accumulé pendant dix ans une expérience dans les fonds d'investissement, où il a accompagné nombre d'entreprises de tous secteurs. Puis est venue l'envie d'entreprendre. Un premier projet de capteurs connectés dans les flux alimentaires fait long feu, mais il en retire une connaissance approfondie du secteur et des acteurs de la logistique alimentaire, et la certitude d'un vrai besoin du marché. « Pendant le confinement, des magasins ont connu des pénuries tandis que les grossistes restaient avec des produits sur les bras du fait des fermetures des restaurants. C'était un gros paradoxe alors même que toutes les enseignes ont axé leur stratégie sur la relocalisation de valeur », raconte Martin Pennel.

Vendre trois fois plus cher

NectarGo est conçu comme une plateforme en mode SaaS, qui offre une solution numérique simplifiée à cette quête de producteurs locaux par les grandes surfaces, et à la recherche de débouchés proches pour les producteurs. Avec un intérêt fort des deux parties : les producteurs vendent en moyenne 3 fois plus cher en local par rapport à une vente via une coopérative. Et pour les distributeurs, c'est un gain de temps et de gestion qui permet de démultiplier aisément les ressources locales alors qu'aujourd'hui tout est fait en direct par le magasin.

« Depuis quelques années, la grande distribution développe le local mais doit passer en direct car les centrales ne savent pas faire du local », explique Martin Pennel, qui évalue à 1,5 milliard d'euros, soit 2% des approvisionnements le poids du local. Ce sont en moyenne 15 à 30 producteurs maximum par magasin. « C'est fait à la mano, avec des factures papier, c'est archaïque ». Le numérique permet de générer des liens très facilement mais aussi d'optimiser la logistique en massifiant les flux. En quatre mois seulement, NectarGo a déjà enregistré la création de 250 comptes sur sa plateforme, avec une version gratuite limitée (à quelques producteurs). Les perspectives sont élevées : l'essentiel des comptes sont pour l'heure dans les Hauts-de-France, mais ils ont vocation à mailler tout le pays à terme. « Le besoin du marché est évident. La grande distribution a besoin de s'outiller sur les approvisionnements directs des territoires. De l'autre côté, les producteurs vont pouvoir livrer jusqu'à une trentaine de magasins grâce à NectarGo», imagine le jeune dirigeant, qui a déjà noué des accords avec de grandes enseignes (dont Cora, Leclerc et Intermarché...).

Reste désormais à monter en puissance. La petite équipe d'une dizaine de personnes, basée sur le MIN de Lomme, dans le pôle Euralimentaire, compte déjà plusieurs fées sur son berceau ; le réseau Entreprendre, Hodefi, Euratech, un accélérateur parisien, mais aussi la chambre d'agriculture des Hauts-de-France. Une première phase de financement est en cours, qu'il faudra conforter dans les deux ans : d'ici trois ans, NectarGo vise des milliers d'utilisateurs, avec un effectif passé à 50 personnes à Lille (dont 25 dès cette année). C'est le point délicat, admet Martin Pennel. « Je vois des gens presque tous les jours, c'est ma priorité numéro un ! »

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