Revival en piste pour le recyclage de baskets

« Ce n’est pas fréquent d’avoir une première mondiale en Pévèle Carembault ! » Le président de la communauté de communes Luc Foutry a en effet de quoi être fier. Après deux ans de travail, son territoire, plus précisément la commune de Pont-à-Marcq, accueille la toute première piste cyclable fabriquée non pas en enrobé bitumeux, ou en pneu, mais en « stonegom ». Un matériau à base de semelles de chaussures de sports recyclées entièrement mis au point (et breveté) par Revival, après 18 mois de R&D avec un laboratoire partenaire de l’IMT Nord Europe. Pour cette expérimentation, la start up tourquennoise fondée en 2021 (cf Eco121 n°114) a largement été soutenue par l’Ademe, Bpi, la Région et bien sûr Pévèle Carembault qui a financé l’entièreté du projet.

Pour cette piste cyclable, longue de 272 m sur 3 m de large, la jeunepousseautiliséunmélange derésineépoxy,de30%de broyat de semelles en caoutchouc (soit 1,15 tonnes) et 70% de pierre de lave, favorable à l’écoulement des eaux. Aussi appelée pouzzolane, la pierre est extraite et traitée par un partenaire de Revival, un carriériste en Haute-Savoie.

Alternative au pneu

« Le stonegom est plus drainant qu’une piste cyclable classique. Il offre une meilleure adhérence, résiste au gel et dégel, assure une meilleure réparabilité, est recyclable à l’infini... toutes ces caractéristiques techniques en font une alternative très intéressante au pneu, dont l’utilisation en tant que revêtement sera interdite par la loi dès 2028 », explique Marie Soudré-Richard, associée-fondatrice aux côtés de Guillaume Haffreingue et Hélène Guerret. Par ailleurs, cette piste cyclable en stonegom permettrait d’économiser 37 kg de CO2 par rapport au bitume.

« Voir cette piste concrétisée est une vraie satisfaction pour une jeune entreprise comme nous, poursuit Guillaume Haffreingue. On est dans l’expérimental. Mais on espère que ce partenariat avec Pévèle Carembault ouvrira la voie des
discussions avec la MEL et des villes comme Roubaix ».

Revival en a encore sous le pied. Ses dirigeants imaginent déjà de nouveaux débouchés pour son stonegom, comme des sols sportifs intérieurs hydrophobes et lavables. Mais aussi de nouvelles matières premières à l’instar des balles de tennis, de chambres à air de vélo ou du caoutchouc des matériaux utilisés dans l’industrie automobile.

Depuis 2022, Revival a collecté et traité une centaine de tonnes de chaussures. Elle vise les 2 500 tonnes traitées en 2024, avec ses sept salariés, et les 2,5 M€ de chiffre d’affaires.