Bioplastiques, de nombreux freins

Le développement de bioplastiques se heurte à de nombreux obstacles
Le terme générique "bioplastique" désigne à la fois les plastiques biosourcés, c’est-à-dire issus de la biomasse (matière végétale ou animale), et les plastiques biodégradables. « Utilisés dès les années 1980, principalement dans l’univers médical » comme le rappelle Cédric Samuel, enseignant-chercheur à l’IMT Nord Europe, leur usage s’est depuis diffusé à nombreux secteurs, comme l’emballage, le textile, l’automobile ou encore les biens de consommations. Avec, pour corollaire, une croissance de leur production de près de 20 % dans le monde au cours des cinq dernières années, autour de 2,42 millions de tonnes d’après l’association de lobbying European Bioplastics. Un volume certes substantiel, mais une goutte d’eau à l’aune de la production annuelle de plas- tique, qui avoisine 460 millions de tonnes selon l’OCDE !
Plusieurs facteurs tendent à l’expliquer. A la différence de l’acide polylactique (PLA), des polyhydroxyalkanoates (PHA) et du poly (PBS), tous les bioplastiques ne sont déjà pas biodégradables, limitant de facto leur image «bio». C’est le cas, par exemple, du polyéthylène téréphtalate (PET). Selon European Bioplastics, seulement 64,2 % de la production de bioplastiques ont concerné des matériaux biodégradables en 2021. A cela s’ajoutent d’autres limites, liées à leurs propriétés techniques. « De la chaleur est nécessaire pour la biodégradation des bioplastiques ; ainsi, si une bouteille conçue en PLA a contenu de l’eau froide, ce processus peut prendre plusieurs mois », observe Nathalie Lazaric, directrice de Re- cherche au CNRS et coordinatrice du la- boratoire de nouveaux polymères biosourcés pour une économie circulaire BIOLOOP.
Exit le Gaïalène
Se posent enfin des enjeux financiers. « Chaque polymère a sa filière de recyclage, ce qui implique d’investir dans de nouvelles machines ou de modifier le réglage de celles existantes », poursuit Nathalie Lazaric. De plus, comme l’illustre l’initiative de production de bioplastiques à base d’amidon lancée au début des années 2010 par Roquette (le Gaïalène) et vite abandonnée, « de nombreux projets dans ce domaine n’ont pas été des succès commerciaux à cette époque, relate Cédric Samuel. Ce paramètre explique en partie pourquoi l’Institut des matériaux biosourcés, créé à Lille en 2014, a fermé en 2018. »
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