IMT Nord Europe invente un béton révolutionnaire
L’école d’ingénieurs a mis au point un matériau bas carbone issu des déblais des travaux du métro Grand Paris Express. 40% d'émissions en moins pour un coût similaire au béton standard. Décoiffant.
4,4 millions de tonnes. La masse des émissions générées par le chantier du Grand Paris Express est considérable. Ce projet vise à créer un réseau de métro automatique autour de Paris, sous maîtrise d’ouvrage de la Société du Grand Paris (SGP). Cette dernière s’est rapprochée en 2020 de l’entreprise hallennoise Neo-Eco et de l’école d’in- génieur nordiste IMT Nord Europe pour lancer une expérimentation sur l’éventuelle valorisation des terres ex- cavées des sous-sols du Grand Paris Express. Avec les argiles à meulières de la ligne 18, les chercheurs de l’ex-école des Mines-Télécom Lille-Douai ont formulé un béton composé de ciment bas carbone.
Celui-ci est obtenu par flash calcination, un processus de cuisson innovant. « Cette méthode de cuisson émet 80% moins de CO2 que celle du béton standard grâce à une température divisée par deux et une très forte diminution du temps de cuisson, développe Mouhamadou Amar, enseignant-chercheur à l’IMT Nord Europe. On passe de 1 450°C à 750°C et de plusieurs heures de cuisson à quelques secondes seulement ».
Le béton vert dispose « d’une performance équivalente et jusqu’à 40% moins émissif qu’un béton traditionnel, mais aussi d’une innocuité environnementale validée par les tests de Neo-Eco. Le tout, pour un prix final n’excédant pas celui du béton standard », complète Romain Genna, chef de projet chez Neo-Eco. Ce nouveau matériau pourrait par la suite être réintégré dans les travaux du Grand Paris Express pour la fabrication de parois moulées, de structures internes ou utilisé comme béton de rechargement.
Évolution des normes
Avec cette expérimentation, la SGP obtient une réponse à deux de ses engagements environnementaux : réduire de 25% les émissions carbone liées au chantier et valoriser 70% des déblais qui en sont issus. La seule ligne 18 du métro représente un gisement colossal : 180 000 m3 d’argile, soit près de 300 000 tonnes de déblais utilisables et disponibles à partir de cet été.
« On a prouvé que c’était possible. Maintenant, on espère des projets concrets », souffle Mouhamadou Amar. Car si l’alternative verte est fin prête à passer à la phase industrielle pour alimenter la filière BTP, reste encore le frein normatif à lever. Depuis fin 2022, il est possible d’utiliser des argiles calcinées dans la fabrication de ciment et donc de béton. Mais à des propositions minimes (5%). L’enseignant-chercheur l’affirme : « On pourrait aller bien au-delà... La limite est rarement technique ! » De son côté, John Tanguy, directeur de la stratégie de la SGP se veut optimiste « Il reste encore du temps avant 2030 et bien d’autres grands chantiers à venir ».
Le maître d’ouvrage a publié en libre accès les résultats de l’expérimentation dans l’espoir de la voir infuser chez les industriels.
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