Daniel Essa : De Damas à Roubaix, il impose sa griffe

Trois ans après son arrivée en France, le styliste éponyme, réfugié de guerre, lance sa marque de baskets de luxe. Depuis son atelier roubaisien, il chausse des clients dans le monde, dont des stars américaines.
Daniel Essa est syrien. En 2013, ce trentenaire aux yeux bleus a dû fuir Damas, alors en proie aux bombes. Derrière lui, toute une vie. Un premier atelier de mode ouvert dans la capitale syrienne, une émission de relooking diffusée sur une grande chaîne locale, mais surtout sa famille. Celle-ci a quitté Homs pour les montagnes de Marmarita, à quelques kilomètres de la frontière libanaise. Daniel Essa, lui, met le cap vers l’Europe. Après une brève année en Espagne, celui qui est ressorti major de sa promo à Esmod Damas débarque en France, armé de sa seule ténacité. « Je savais dire bonjour, bonsoir et bonne nuit... En gros, rien qui pouvait me permettre de tenir une discussion ! », sourit Daniel Essa, qui apprendra le français sur Internet. « En arrivant à Paris, je ne partais pas de zéro mais de -15 ! Le chemin a été long et parfois très difficile, confie t-il. J’ai beaucoup douté, oui... mais je n’ai rien lâché ».
Conseillé par un ami installé à Lille, le jeune homme pose définitivement ses valises dans la métropole lilloise. Avec pour seule idée en tête, celle qui l’anime depuis son plus jeune âge : créer sa propre marque de luxe dans l’univers très concurrentiel de la basket de ville. Un sacré challenge. Pour autant, à l’été 2017, Daniel Essa convainc Maisons de mode à Roubaix de l’accompagner dans la création de sa marque. « Il est arrivé en comité de sélection avec ses dessins et un simple nuancier de cuir. C’est tout, se souvient Emmanuelle Axer, directrice de l’accélérateur de talents, qui ne tarit pas d’éloges sur le créateur. On a décelé quelque chose d’assez rare chez lui : Daniel a deux cerveaux, ceux d’Yves Saint Laurent et de Pierre Berger. C’est un petit génie à la vision long terme, quelqu’un d’exigeant et de perfectionniste, qui a une pudeur qui séduit tout le monde ! »
La marque « Daniel Essa » verra le jour quelques mois plus tard, avec une première gamme nommée sobrement « Toi et moi ». Cinq ans plus tard, la jeune société compte cinq gammes et dévoilera la sixième en juin.
Fabrication italienne
Sa griffe, l’entrepreneur l’a voulue de grande qualité, minimaliste et élégante. Ses baskets, « confortables, légères et personnalisables » sont en 100% cuir durable certifié. Elles sont fabriquées à la main dans des ateliers italiens. Les mêmes qui produisent d’autres marques de luxe. « Ils m’ont accueilli car j’ai prouvé que mes techniques de création et de fabrication étaient innovantes et qu’elles pouvaient faire toute la différence », estime Daniel Essa. Ses chaussures sont vendues entre 300 et 500€ au Printemps (Lille et Paris), dans la boutique Level Shoes à Dubaï, référence des marques de luxe dans le pays, mais aussi dans d’autres boutiques au Qatar, au Koweït, et bientôt en Italie et aux Etats-Unis.
Certaines stars hollywoodiennes n’ont pas attendu l’arrivée de la marque outre-Atlantique pour se faire plaisir. L’actrice Whoopi Goldberg s’en est offert plusieurs paires dès 2018. « On commençait à produire les premières paires. Elle a remarqué celle que portait un directeur artistique américain à la Fashion week et quelques jours plus tard, je recevais un mail de sa part », raconte le créateur. S’ensuivent le mannequin Olivia Palermo ou la comédienne Bella Thorne, entre autres.
Pour l’heure, Daniel Essa porte toutes les casquettes ; dirigeant fondateur, directeur du design, commercial ou encore responsable production. « Je supervise tout de A à Z car je suis très exigeant. Je veux que mon produit soit parfait. Mais à terme bien sûr, l’objectif est de déléguer certaines tâches ». Actuellement, deux personnes l’épaulent à l’atelier Boulevard Jean-Lebas. Equipe qu’il souhaite muscler rapidement grâce à sa toute première levée de fonds, espérée courant 2022.
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