Ludovic de Gromard veut marier IA et entrepreneuriat social

Ludovic de Gromard ici en compagnie de Muhamad Yunus Ludovic de Gromard ici en compagnie de Muhamad Yunus

A 34 ans, après un parcours international déjà riche, Ludovic de Gromard dirige Chance, start-up pionnière de la «psytech». A son appel "Provoquons la Chance", des personnalités publiques répondent en ouvrant leur carnet d'adresses à des bénéficiaires.

 

Ludovic de Gromard aurait pu se contenter d’être le « fils de ». De suivre la voie toute tracée que son père Loïc, le releveur bien connu de Saverglass, aurait pu lui ouvrir dans l’industrie. C’est d’ailleurs le choix initial que l’ex-lycéen de Beauvais, formé à l’entrepreneuriat social sur les bancs de l’Essec et titulaire d’un MBA à Buenos-Aires. En 2011, il rejoint Saverglass pour ouvrir l’unité émiratie de Ras el Khaïmah, avant de prendre la direction des opérations du verrier pour l’Amérique du Nord. En parallèle, le jeune homme complète sa formation avec un master en psychologie appliquée à l’université de San Francisco. «Adolescent déjà, je m’intéressais à la question des déterminismes sociaux, des inégalités sociales. C’est pourquoi j’ai hésité entre Sciences Po ou un parcours en psychologie ; finalement j’ai choisi l’entrepreneuriat social !», explique dans un large sourire le startupper, dont l’Etranger constitue le livre de chevet. Logiquement, il s’est intéressé tôt aux travaux du bangladais Muhamad Yunus, théoricien du social business, prix Nobel de la Paix 2006. Et en 2014, il part sur place étudier les modèles développés par l'économiste. Dont la Grameen Bank, spécialisée dans le micro-crédit puis diversifiée dans d'autres secteurs comme l'agroalimentaire, en partenariat avec Danone. De nature impatiente, il force le destin en trouvant le moyen de se faire inviter - « ou presque » - à un dîner de gala donné par le « banquier des pauvres ». Parmi les smokings et robes de bal, son look – chemise en jean et pantalon vert – détonne.

Il n’hésite pourtant pas à prendre la parole devant le millier de convives et à déclarer son admiration pour les travaux de l’économiste, et pour ceux d’Emmanuel Faber, ex-Pdg de Danone, présent dans la salle. «En fait, j’ai pitché pendant un quart d’heure le concept de Chance », raconte non sans fierté le dirigeant. Le miracle se produit : à la fin de son allocution, le prix Nobel de la Paix étreint Ludovic de Gromard, lui promettant son aide pour créer son entreprise. «Notre concept était né : combiner la puissance de la psychologie à celle de la technologie pour créer un business model financièrement indépendant et permettre aux gens de reprendre leur destin, leur carrière en main », poursuit-il.

Burn out

Sous la présidence du prix Nobel, Chance est lancée au Brésil, mais les conditions locales – dont l’avènement de Bolsonaro – font tourner court l’aventure. Désespéré, Ludovic de Gromard doit licencier 80% de ses effectifs. S’ensuit un burn out. Ludovic prend du champ, retourne en France, fait une cure à Evian, suivie une semaine de jeûne dans la montagne. Avec son associée Clémence Coghlan, spécialiste du private equity, il repense tout le modèle économique. Outre une passion pour le carnaval et l’architecture deNiemeyer, il tirera de son expérience brésilienne la conviction que le modèle de Chance doit reposer sur une personnalisation extrême des parcours de réorientation, ainsi que la nécessité de se déployer rapidement à l’international. Grâce à l’appui de Google, qui lui octroiera 2 M€, de l’appui des social business angels, l’entreprise investit 10 M€ pour développer son parcours d’orientation professionnelle, dans lequel les bénéficiaires reçoivent l’aide de coachs professionnels. En 2020, Chance boucle sa première levée, de 5 M€, suivie en février 2022 d’une seconde de 12 M€ ! « Notre objectif est de devenir leader français, mais aussi mondial de la psytech », estime le dirigeant. Pour parfaire son modèle, l’entreprise a lancé l’appel «Provoquons la Chance », auquel plus d’une centaine de personnalités du monde politique, économique, ou associatif ont répondu. «En ouvrant leur carnet d’adresses, ils lèvent le dernier frein permettant à une personne de ne pas être bloquée dans sa carrière », souligne le dirigeant, qui revendique quelque 5 000 personnes accompagnées par sa formation, désormais éligible au CPF.

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