Ecole-Entreprises : le modèle fructueux de l'ICAM

L'école d'ingénieurs place ses étudiants en situation réelle avec un engagement de résultat sur un projet d'entreprise concret. La formule séduit de plus en plus d'entreprises régionales.

A l'ICAM, l'entreprise fait partie intégrante du cursus des futurs ingénieurs, notamment à travers leur Mémoire Scientifique Industriel (MSI). A Lille, où l'école compte 1 000 étudiants, l'ICAM propose aux entreprises un service similaire à celui d'un bureau d'études : des binômes d'étudiants, supervisés par un chef de projet de l'école, sont chargés de traiter une problématique concrète sur une séquence de six mois. Dans 30% des cas, cette période est prolongée par un autre binôme d'étudiants qui reprend les commandes, et ainsi de suite jusqu'à l'aboutissement du projet.

« On s'engage sur des résultats, dans une réelle prestation d'ingénierie. Le client attend un livrable », décrypte Kevin Grain, chargé d'affaires pour l'ICAM. Les bénéficiaires de ce service étudiant peuvent être des groupes, comme Decathlon, des Pme comme le dentellier Solstiss, voire même des TPE. Entreprises et étudiants se réunissaient courant juin au sein du campus pour présenter l'avancement de leurs travaux.

De l’IA sur une ligne de production

« C'est l'équivalent d'un bureau d'études, avec un travail précis et de qualité », explique Bruno Telliez, responsable technique et production chez le dentellier Solstiss, à Caudry, qui cherche à développer de nouveaux procédés sur une de ses machines, et qui recourt pour la première fois à l'ICAM. «Une machine comme ça avec un bureau d'études, ça nous coûterait 4 à 5 fois plus cher ». « Pour nous, c'est un coût de 20 K€ mais ramené à 7 K€ avec le crédit impôt recherche », explique de son côté un manager du groupe suisse Sulzer, fort d'une unité industrielle à Saint-Quentin, et qui cumule déjà 12 sessions auprès de l'ICAM ! La société Pochez du Courval, flaconnier de luxe en vallée de la Bresle, fait quant à elle plancher les étudiants sur l'introduction de l'intelligence artificielle sur ses lignes de production.

Même les start up en création sont dans la boucle à l'exemple de ce projet de moto thermique à transformer en moto électrique avec 100 kilomètres d'autonomie pour la mobilité au Togo (photo): Jean et Meziane sont les deux premiers étudiants à plancher sur ce chantier appelé à durer. L'ossature de la moto se précise, pour pouvoir accueillir les batteries, et un autre duo d'étudiants suivra pour développer la partie purement électrique.

« C'est une réelle opportunité de se connecter à un écosystème, souligne Kevin Grain, qui relève aussi que « énormément d'embauches suivent derrière ».

 

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Les entreprises et la Catho : un long compagnonnage

200 administrateurs : c'est le nombre impressionnant de représentants du monde de l'entreprise dans les différents conseils d'administration des établissements de la Catho. Cette présence dense et active n'est pas le fruit du hasard : la Catho est née en 1875 avec la création de premiers établissements d'enseignement supérieur, à l'initiative commune de patrons du Nord et de l'Eglise. Ce lien historique a évolué au fil des décennies mais demeure très puissant. « Notre rôle n'est pas honorifique », décrypte Amaury Flotat, chef d'entreprise et président de JUNIA. Dans cette école d'ingénieurs, des commissions ont même été créées pour « co-construire » entre représentants du conseil et du comité de direction, et élever le niveau d'expertise des administrateurs « comme dans un conseil de surveillance ».

La Catho, c'est aussi, depuis une quinzaine d'années, tout un écosystème décliné dans les écoles en matière d'incubation et d'entrepreneuriat. A titre d'exemple, l'incubateur de l'IESEG accompagne déjà 50 porteurs de projets, l'école de management comptant tripler ce chiffre d'ici à 2027 (Paris inclus). Les écoles s'appuient toutes sur un lien fort avec les entreprises, avec des chaires parrainées à l'Edhec, des offres de service transdisciplinaires avec des « Adicodes » ou des prestations d'ingénierie intégrées au cursus comme à l'ICAM.

 

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