Mobilisation exceptionnelle- Questions au consul d'Ukraine à Lille

Ici un entrepôt mis à disposition à Dourges par Simastock (groupe Bils-Deroo) Ici un entrepôt mis à disposition à Dourges par Simastock (groupe Bils-Deroo)

 

La CCI appuyée par le conseil régional coordonne une collecte très large auprès des entreprises régionales, dans 7 entrepôts sur tout le territoire des Hauts-de-France avant de les acheminer à la frontière ukraino-polonaise.

 

Dès les premiers jours du conflit, une vaste mobilisation s'est opérée pour acheminer des produits de première nécessité vers l'Ukraine, plongée dans une crise humanitaire majeure, ainsi que les zones frontalières noyées sous un flux de réfugiés jamais vu depuis la seconde guerre mondiale. La CCI de région associée au conseil régional des Hauts-de-France s’est très rapidement lancée, à travers des relations privilégiées avec la Silésie, région polonaise jumelée avec la nôtre, où sont acheminés les camions. Baptisée « Solidarité Ukraine Entreprises Hauts-de-France », l'initiative vise à réunir de la part des entreprises des produits de première nécessité mais aussi un appui logistique en matière d'acheminement des marchandises. Trois à quatre premiers camions de 38 tonnes devaient prendre la route la dernière semaine de mars. L'opération est pilotée par la CCI et parrainée par Francis Ciuch, figure bien connue de la logistique régionale, à la tête de l'entreprise éponyme, à Tourcoing. « Petit-fils d’Ukrainiens, cette opération me tient particulièrement à cœur. Je suis très touché de mettre à disposition mon expertise et le savoir- faire de mon entreprise au service de cette belle cause », explique-t-il. Le conseil régional s'est engagée à contribuer au financement du transport vers l'Ukraine et a voté une délibération de 200 K€ en ce sens.
Sept pôles logistiques ont été déployés en région afin d'assurer un maillage équilibré de la collecte.

Les entreprises peuvent y déposer des dons (palettes complètes), sur rendez-vous, avec un seul point d'entrée : solidarite-ukraine@hautsdefrance.fr
ou le numéro d'appel suivant : 03 20 63 79 00. Attention à bien vous conformer à la liste de dons souhaités pour éviter de parasiter les flux avec des produits inutiles ou inadaptés. Quatre catégories de biens sont privilégiées : l'alimentaire sec, les produits bébé, les produits d'hygiène, et les produits calorifiques.

La liste est à consulter sur le site web de la CCI :

hautsdefrance.cci.fr/solidarite-ukraine

 

 

 

Etienne Mourmant, consul honoraire d'Ukraine à Lille 

«La solidarité s'est formalisée de façon fantastique »

On sent un mouvement très puissant de solidarité en région avec l'Ukraine. Quelle est votre analyse ?
Il y a une solidarité globale qui s'est formalisée de façon fantastique. C'est vraiment exceptionnel et c'est sans doute une première. Au début ça allait un peu dans tous les sens. Par exemple, il faut arrêter de donner des vêtements qui s'empilent et qui ne peuvent pas partir. Aujourd'hui tout se régule beaucoup mieux avec une solidarité qui se normalise et qui doit être la plus ciblée par rapport aux besoins.

Concrètement, comment cela se passe-t-il ?

Aujourd'hui, on envoie des camions complets en Pologne où est dédié un entrepôt, et ce sont les Ukrainiens qui se débrouillent pour l'acheminer y compris jusque dans les villes martyres. C'est opérationnel. La plateforme de la CCI avec la Région a été mise en place, les premiers dons d'industriels sont annoncés (entretien réalisé le 21 mars). On va en avoir besoin, il y a urgence.

L'aide sera-t-elle ponctuelle ou s'inscrit-on dans la durée ?
Il y a vraiment une urgence car des villes entières sont massacrées, il y a un risque alimentaire majeur. Mais on s'inscrit aussi dans la durée car malheureusement la Russie a des moyens pour faire excessivement mal. Et les Ukrainiens sont très déterminés à se battre jusqu'au bout, c'est impressionnant.

On compte quelques dizaines d'entreprises nordistes en Ukraine, comment vivent-elles la si- tuation ?
De manière très variable. Mon entreprise (linges pour hôpitaux) est située dans l'ouest du pays, plutôt épargné. Mais j'ai parfois 20 salariés présents, parfois 3, c'est très aléatoire. Et ils se mobilisent pour le front, en fabriquant par exemple des gilets pare-balles. D'autres entreprises continuent aussi à travailler, ne serait-ce que pour donner un travail et à manger aux salariés. Et d'autres ont fermé, mais chacun gère sa situation de façon autonome

 

Ces articles peuvent également vous intéresser :

Leroy Merlin a déjà payé un lourd tribut à travers le bombardement d'un magasin à Kiev le 20 mars dernier. Les principales enseignes de l'AFM comptent 90 000 salariés et plus de 400 magasins entre l'Ukraine et la Russie
Publié le 28/03/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

Ukraine-Russie : un impact global limité, mais fort pour quelques entreprises

Peu d'entreprises des Hauts-de-France commercent avec la Russie ou l'Ukraine. Mais certaines très fortement, à commencer par les enseignes majeures de la famille Mulliez.

Publié le 26/03/2022 Guillaume Roussange Grand Angle

“Le niveau d'incertitude n'a jamais été aussi élevé" Laurent Degenne, FRSEA

Le président de la fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles juge que la crise actuelle montre les limites de "la mondialisation à outrance" et plaide pour un modèle plus raisonnable.

En février, les agriculteurs avaient déjà manifesté leur colère à Lille et Amiens. Ici, ils déposaient symboliquement des bottes et des combinaisons devant le Préfecture du Nord.
Publié le 26/03/2022 Guillaume Roussange Grand Angle

Agriculture : un effet ciseau très dangereux

Le ciel s’assombrit de jour en jour au-dessus des exploitations agricoles des Hauts-de-France. En cause : la hausse de toutes les matières premières, de l’alimentation du bétail aux intrants, fait peser une lourde menace sur leur équilibre, souvent précaire.

Publié le 25/03/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

Une économie régionale résiliente face à la guerre

Après le Brexit et le Covid, la guerre... Dans un climat économique dominé à nouveau par l'incertitude, les entreprises régionales font le dos rond. L'inflation est désormais leur premier point d'inquiétude, mais l'impact du conflit semble pour l'heure assez limité à quelques entreprises et quelques secteurs à commencer par l'agriculture. Tandis que la solidarité des milieux économiques se déploie pour l'Ukraine.

L’e-Megane est produite sur la plateforme de Douai depuis fin 2021, supervisée par le pôle Electricity de Renault. Celui-ci ambitionne 400 000 véhicules 100% électrique d’ici 2025.
Publié le 25/02/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

Automobile : la révolution électrique à marche forcée

Entre pénurie de semi-conducteurs, hausses des matières premières, perturbations de la crise sanitaire et ambition européenne de stopper le thermique dès 2035, le défi est énorme. Notre filière régionale s'y prépare. Où va l'automobile régionale ? Notre enquête.

Publié le 25/02/2022 Olivier Ducuing et Julie Kiavué Grand Angle

Didier Leroy : “Pour une mobilité pour tous, il faut être multi-technologies"

L'ex numéro 2 de Toyota, conseiller personnel de son Pdg Akio Toyoda, a une vision mondiale des tendances lourdes de l'industrie automobile. Pour lui, le choix du 100% électrique recèle de gros dangers. Entretien.

“On ne passe pas du thermique à l'électrique et au software juste d'un claquement de doigts ” Jean-Dominique Senard
Publié le 25/02/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

Jean-Dominique Senard : « Sans anticipation, nous préparons des complexités sociales inextricables !

Le président de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi était l'invité de l'Agora à l'Edhec de Roubaix début février. L'occasion pour ce grand capitaine d'industrie de poser calmement mais sans fard les enjeux d'une filière sommée par les politiques d'opérer une mutation sans précédent.

Publié le 27/01/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

Interview Mathias Povse (EDF) : "La neutralité carbone est accessible en 2050!"

L'opérateur historique de l'électricité est aux premières loges des changements de modèle énergétique, alors que l’Etat vient de lui demander un effort de 8 Mds€ pour alléger le choc de la flambée des prix. Nous avons souhaité interroger son délégué régional Mathias Povse sur ces mouvements telluriques qui vont transformer notre économie. Entretien.

Publié le 27/01/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

Les prix de l'énergie plombent nos industriels

Le ministère de l'industrie vient de jouer les pompiers en ouvrant davantage le robinet bon marché de l'électricité nucléaire, au grand dam d'EDF. Les électro-intensifs demeurent très affectés, tandis que les coûts de l'énergie grignotent les marges de toutes nos entreprises.

Publié le 27/01/2022 Olivier Ducuing Grand Angle

« Faire du Dunkerquois un hub de la décarbonation »

L'interview de RafaeL Ponce, directeur général d'Euraénergie et DGA de la communauté urbaine de Dunkerque