Le CETI nouveau est arrivé
Fini l'affichage purement technologique. Pour ses dix ans le centre européen des textiles innovants devient un champion européen de l'économie circulaire. Avec une feuille de route bien remplie.
Les heures difficiles lors desquelles il avait fallu l'intervention financière de la MEL pour sauver le soldat CETI sont bien oubliées. Le Centre Européen du Textile Innovant fête ses 10 ans avec le regard en avant et un modèle économique désormais assaini.
Et un focus sur l'économie circulaire, l'éco-conception, les fibres biosourcées et les bioplastiques, sujets dans l'air du temps s'il en est. « Nous travaillons ces thématiques depuis plus de 8 ans, avec des acteurs, des marques, des industriels. Aujourd'hui nous voulons renforcer notre leadership européen sur ces sujets », s'enthousiasme Pascal Denizart (photo), le directeur. Un positionnement efficace, à en juger par la trajectoire de croissance enregistrée, notamment depuis l'arrivée en 2019 d'un démonstrateur de recyclage mécanique : le budget R & D a crû de 27% en 2021, et le nombre de clients grimpe en flèche : 2 en 2019 (Decathlon et Okaïdi), 20 en 2020, et 40 cette année, « dont quatre leaders du luxe », note le directeur du centre.
Dans un atelier récemment équipé de nouvelles machines, des bouts de filets marins en polyamides sont transformés en granulés de polymères qui sont immédiatement filés sur une ligne voisine. Dans un récipient, des morceaux de masques sanitaires déchiquetés s'apprêtent eux aussi à être recyclés... en masques sanitaires. L'économie circulaire est le cœur du CETI newlook. Pas seulement un axe marketing, mais une nécessité vitale pour la planète, martèle Pascal Denizart avec ce calcul simple : d'ici à 2030, la population mondiale va encore croître de 20%, le besoin de nourriture va croître de plus du double avec l'élévation des niveaux de vie, et les besoins en fibres doivent croître de ... 82%, sachant que 70% des fibres sont synthétiques et dérivées du pétrole. « Le constat est alarmant, car la prise de conscience sur le sobriété au niveau des fibres n'est qu'européenne. On va dans le mur ! »
Le CETI offre sur ce terrain une expertise unique pour trouver des solutions, jusqu'à un haut niveau d'opérabilité. Sur l'échelle de 1 à 9 du Technology Readiness Level (TRL) qui mesure le degré d'avancement d'une technologie, le CETI part de 3 pour aller à 8. « Ce positionnement sur une échelle large d'innovation fait notre succès », lance Pascal Denizart.
Et les exemples concrets s'accumulent: un pantalon de chasse Décathlon Solognac en tissu recyclé, un T-shirt mêlant coton bio du Kenya et 60% de matière recyclée, des vêtements professionnels pour le leader Cepovett...
Fibre de lait
Le centre tourquennois a encore renforcé son parc machines en février dernier avec une plateforme de recyclage thermomécanique, pour un investissement de 1,2 M€, soutenu par l'Union européenne.
« Nous investissons 1 M€ en direct depuis deux ans », se réjouit le directeur du site, qui revendique un troisième exercice bénéficiaire, pour un chiffre d'affaires de 3 M€ en 2021, et un effectif de 26 personnes, bientôt 30. Le soutien annuel de la MEL et de la Région, à hauteur de 750 K€, doit fortement se réduire ces prochaines années, mais les prévisions budgétaires incluent déjà cette perspective. Avec de nouvelles pistes majeures de diversification comme la fibre dérivée de la biomasse, comme le lait ou la cellulose.
Au premier septembre, le CETI va du reste lancer un projet collaboratif à partir de paille de lin oléagineux pour passer à l'échelle du pilote industriel. Intérêt: une ressource locale très abondante, aujourd'hui considérée comme un déchet, valorisable grâce à du filage par voie de solvant. Une technique utilisable pour l'ortie, le chanvre ou d'autres.
L'autre axe de développement s'appuie sur une plateforme de production à la demande, pour s'affranchir de l'approvisionnement lointain, mais aussi des soldes et des dépréciations. Un projet est en cours sur la fabrication de Chambrai, textile originaire de Cambrai mais devenu anglo-saxon, et qui pourrait renaître à base de coton recyclé et de lin.
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