Lille : Esprit tapas et Art déco au Court debout

Nouvelle formule originale pour l'établissement lillois, dont la jolie salle Art déco est préservée.

A l'origine, c'était une annexe de la célèbre brasserie André, construite en 1926, l'une des plus belles de France, toujours entretenue dans son état d'origine. Elle était réservée à des réunions privées. Jusqu'à ce que l'avant-dernier propriétaire, le discret et bienveillant Jean-Claude Heusèle, malheureusement disparu lors de la crise sanitaire, la mette à disposition de Christophe Scherpereel, qui en fit un restaurant de qualité, avec une agréable terrasse couverte, qu'il baptisa du nom de la rue Court-Debout.

Après sa vente en 2017 au groupe de promotion Boulanger, s'ensuivirent quelques années où l'établissement eut quelque peine à trouver son chemin. Le voilà dans un nouvel essai, original, proposé par un jeune chef, Alexandre Duchateau. De la petite salle confortable d'une vingtaine de couverts, le charme élégant, si rare, a été heureusement préservé avec ses tons doux, murs plaqués de bois rare et vitraux colorés. On n'en dira pas autant de la terrasse.

L'originalité de la nouvelle proposition est d'évoluer entre picorage et assiette classique. La carte courte et variée permet de tout essayer à deux. Nous avons donc pris les cinq tapas en entrée à partager et deux plats de résistance. Cela a commencé par un petit croque-monsieur au fromage de Belval, bien fourni ; puis un « bao », inspiré de la cuisine asiatique : petit pain cuit à la vapeur fourré de poitrine de porc mariné au vin et soja et oignon rouge ; ensuite jambon serrano, avec pain de campagne grillé qui aurait gagné a être tomaté ; des gnocchis, légers, à la mimolette ; un tartare de saumon gravlax aux pommes granny, de très bonne qualité.

Pour plats, il restait à essayer un burger végétal, l'originalité bien vue est de le servir en pain socca, traditionnellement à la farine de pois chiche, croustillant et moelleux, fourré d'un ragoût de légumes méridionaux à base de tomate, et une pièce de bœuf, une hampe ce jour, de qualité et cuisson remarquables, servie avec un brin de salade et quelques frites pas inoubliables. En desserts, un mi-cuit au chocolat, goûteux et vraiment mi-cuit, et un cheesecake aux fruits rouges modeux.

Le chinon domaine Philippe Meslat se révéla léger et plaisant. Voici donc une expérience agréable et peu onéreuse, avec une addition à 90 euros pour deux ; même si le service dévoué et de bonne volonté fut un peu long, mais neuf plats à servir ... ! Au moins aura-t-on échappé à la pseudo-gastro gadget.