Ponera, l'éclosion d'un major du e-commerce
Aux confins de l'aérodrome de Valenciennes, le petit opérateur de marketplace connaît une trajectoire météorique. Mais ses fondateurs gardent la tête froide... et leur indépendance.
Attention, pépite cachée ! Nous sommes des milliers chaque jour à acheter des produits par son truchement sans même connaître son nom. Ponera est une place de marché digitale spécialisée dans la revente. Il s'agit même de l'un des plus gros vendeurs d'Amazon Prime en France comme en Europe, mais il vend aussi sur bien d'autres plateformes, qu'il s'agisse de celles de Decathlon, Sarenza ou Leroy Merlin. La société a déjà noué des partenariats avec plus de 350 marques dont elle achète les produits avant de les revendre avec son savoir-faire particulier.
Cette société valenciennoise, basée précisément à Prouvy depuis deux ans (avec l'appui des agglo de Valenciennes et de la CAPH), est issue de la serre numérique d'Anzin. Deux jeunes ingénieurs, Laurent Vantorre, diplômé de l'ICAM Lille et Sylvain Flipot, diplômé de l'UTC, se lancent d'abord ... dans un jeu vidéo sur l'univers des fourmis. Mais deux ans plus tard, ils découvrent le e-commerce en marketplace et pressentent le potentiel considérable de ce nouveau format qu'ils décident d'investir à fond. « Pour nous, c'est le commerce de l'avenir. Aujourd'hui, le e-commerce représente encore seulement de 5 à 10%, mais demain, ce sera 50-50 avec le commerce physique », prédit Laurent Vantorre, un grand gaillard de 36 ans à l'air de tout jeune homme.
Quel lien avec le jeu vidéo ? Aucun à l'exception du nom, Ponera, qui est un genre de fourmi, un insecte dont les deux dirigeants, adeptes de Werber, admirent les incroyables performances.
Appuyés par l'écosystème de la serre numérique, lauréats du réseau Entreprendre Hainaut, et membres du CJD, les deux associés ont toutefois développé seuls leur entreprise, malgré leur charge prenante de jeunes papas (deux petites filles pour Laurent, un bébé d'un an pour Sylvain).
L'outil informatique, adossé à l'intelligence artificielle, permet de gérer l'argumentaire commercial de la masse impressionnante de produits proposés. Laurent Vantorre évoque « plusieurs millions de références », sur un profil de produits de qualité et au bon prix.
Le dirigeant se targue de revendre aussi bien des lunettes Ray-Ban que du foin AOP (appellation d'origine protégée) pour lapin, issu d'une ferme de la plaine de Crau dans les Bouches du Rhône, ou encore des quantités de déguisements pour le carnaval de Dunkerque.
Champions de la croissance 2022
Le succès est au rendez vous : la société réalisait moins d'1,2 M€ de ventes en 2018, pour 230 K€ de résultats. Cinq ans plus tard, son chiffre d'affaires a dépassé les 50 millions d'euros en 2022, selon le dirigeant, soit presque le double du niveau déjà élevé de 2020 (25,9 M€). Cette trajectoire avait d'ailleurs valu à Ponera de figurer. parmi les champions de la croissance des Echos Week End il y a quelques mois. Ses effectifs ont du reste décollé, passant de 27 personnes l'an dernier à 45 aujourd'hui et les recrutements se poursuivent à jet continu. Un personnel réparti entre des développeurs informatiques, data scientists, mais aussi des acheteurs, des spécialistes du marketing et bien sûr de la logistique. « Les postes sont ouverts dans toutes ces fonctions », indique Laurent Vantorre, sans évoquer de volumes. Selon lui, la croissance devrait poursuivre sur son rythme exponentiel car le terrain de jeu de Ponera offre des réserves considérables : en marques partenaires, en pays couverts (25 à ce jour), en acquisition de clients, mais aussi en développement dans le secteur de l'entreprise, encore très minoritaire.
Cette croissance ultra-rapide est aussi gourmande en fonds de roulement, puisque Ponera achète les marchandises avant de les revendre. Mais la stratégie des deux associés à parité est de réinjecter l'ensemble des bénéfices dans le développement, ce qui leur a permis d'asseoir leur expansion en toute indépendance jusque ici. Et même d'acquérir en propre leur vaste site de Prouvy, soit 10 000 m2 couverts. Et pas question pour l'instant d'ouvrir leur capital. « La feuille de route, c'est la continuité, développer un modèle qui marche, à plus grande échelle et engranger de nouvelles marques »
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