Campion conforte le retour de la cuisine traditionnelle à Lille

Et de trois ! Après le bouillon Alcide et la brasserie Dufour, Campion signe une nouvelle ouverture de brasserie traditionnelle dans la capitale des Flandres. Une entrée réussie.

Le centre de Lille connaît ces derniers mois une vague d'ouvertures de brasseries « à la parisienne ». Ce fut d'abord le bouillon Alcide, populaire sans réservation, la brasserie Dufour, plus intime et plus luxueuse, et depuis le 10 janvier, la brasserie Campion dans un style intermédiaire. Les trois initiatives promeuvent une cuisine dite bourgeoise ou familiale d'un répertoire traditionnel mieux préservé à Paris. Ces brasseries n'ont pas la prétention de tout réinventer mais s'appliquent à une recherche de qualité gourmande. Encore faut-il connaître ces produits traditionnels, qui, à l'instar de la saucisse du fameux saucisse-purée, est souvent mise à mal en raison d'une viande trop jeune et trop maigre et de l'usage du cutter à viande qui rend le hachis sec et pâteux.

La brasserie Campion, du nom du chef, a fait l'objet de gros travaux, dont la singularité est le fruit de l'agence B3 designer de Londres. Les quelque 150 places se répartissent en trois salles aux styles différents et chaleureux : la première faite de tables compartimentées au devant du bar en marbre, une grande salle végétalisée sous verrière face à la cuisine ouverte, suivie d'une pièce au plafond bas, plus sombre et plus intime mais bruyante et chaude quand il y a affluence.

La carte, sans plat du jour ni formule menu, peut varier au gré des jours autour des classiques. Elle permet un choix très ouvert dans les 13 « petites bombes d'apéro », « trouvailles » et entrées, ou dans les plats et desserts. Nulle nécessité de s'en tenir au classique entrée-plat-dessert, deux entrées et un dessert peut aussi être très agréable, c'est cela aussi l'esprit brasserie. Tout est garanti frais, de saison et fait maison, excepté bien sûr les trouvailles que sont les saucissons Millas, des Aldudes, comté AOP ou rollmops de JC David. Lors de notre passage, nous avons goûté les croquettes de crevettes, mayo bien épicée (pourquoi « spicy »?), au croustillant parfait - mais le choix de crevettes saumurées peut surprendre, le velouté de légumes agrémenté d'une mirepoix de haddock et croûtons fort plaisant, la « poitrine fumée et choux de Bruxelles snackés », version enrichie et bien réalisée d'une frisée aux lardons (mais avec un excès d'assaisonnement, peut être accidentel). Pour suivre, le cabillaud sur purée de panais était bien entouré d'endives cuites, salicornes, noix et beurre blanc. Quant à la carbonnade, elle avait bon goût, mais le traitement a sans doute besoin d'etre affiné pour préserver le moelleux de la joue et du paleron. Les frites sont bien croustillantes. 

Les deux desserts classiques de la maison, la crème brûlée et le gourmand paris-brest (photo), ne déçoivent pas. En résumé, nos choix se sont avérés très satisfaisants malgré quelques approximations (nous n'avons pas essayé le « saucisse-purée »), et les assiettes très bien servies. Les vins sont choisis avec expérience, le côtes-du-Rhône Les Galets est mieux que désaltérant. Nombreux cocktails. Malgré l'affluence, le personnel, sous la direction attentive de Cyril Denhez, est efficace. Voici donc une nouvelle maison, à contre-courant, qui réussit son entrée, approuvée par une clientèle radieuse. Il est prudent de réserver.

Ces articles peuvent également vous intéresser :

Publié le 26/01/2024 Didier Nicolas Détente

Ginko : une maestria sans fausse note

Ouverte depuis septembre, cette table particulièrement discrète au cœur de Lille se révèle une divine surprise. Une cuisine de haut vol, dans l’air du temps, mais sans ses tics.

L'ambition « semi-gastronomique » de La Maison des bienheureux reste à établir.
Publié le 01/12/2023 Didier Nicolas Détente

La Maison des bienheureux, une nouvelle table dans un écrin remarquable

Plus qu'un restaurant, c'est tout un ensemble de grande allure qui vient de prendre place dans cet ancien haut lieu entrepreneurial du grand boulevard. L'ambition « semi-gastronomique » reste à établir.

Publié le 26/10/2023 Didier Nicolas Détente

Une nouvelle étape prometteuse pour l'Arbre

De retour dans la région, le nouveau chef de l'Arbre Florian Choquet s'inscrit dans la tradition de cette belle table gastronomique avec une patte très sûre.

Publié le 28/09/2023 Didier Nicolas Détente

A peine ouverte la Brasserie Dufour affiche une belle maîtrise

Une nouvelle adresse pour une nouvelle ambition, mettre en valeur une cuisine classique bien venue.

Publié le 30/08/2023 Didier Nicolas Détente

Le Gabo, des ambitions et des faiblesses, au cœur de Plaine Images

Au sein de la Plaine Images, cette nouvelle table a réussi sa transformation de la chaufferie mais cette première expérience de restauration demande à être confirmée.

Publié le 27/06/2023 Didier Nicolas Détente

Le RéPU, une métamorphose bistronomique très convaincante

Le Marcq, restaurant gastronomique, a muté en RéPU, une table plus allégée mais avec la même maîtrise séduisante du chef Belfatmi.

Publié le 25/05/2023 Didier Nicolas Détente

Le Ô Dit Vin, une nouvelle table en cœur de Pévèle

La famille van Haesebroeck a fait le pari de transformer l'ancien siège intercommunal en une table mi-classique mi-gastronomique, sous la direction du chef Guillaume Pinte.

Publié le 02/05/2023 Didier Nicolas Détente

Le Comptoir : une table discrète de grande classe

C'est entre Phalempin et Libercourt que cet établissement sans fard offre une cuisine classique de haut vol, remarquable de maîtrise, sous la houlette de son chef Grégory Burgeat.

Pour Antoine Manier, directeur général de l'association porteuse du festival, même si le public n'en a pas forcément conscience, "les Hauts-de-France sont une région qui compte sur la scène internationale" ,
Publié le 29/03/2023 Julie Kiavué Détente

“Le Video Mapping Festival est le premier d’Europe”

“Le Video Mapping Festival est le premier d’Europe”

Publié le 29/03/2023 Didier Nicolas Détente

Le Ch’tite Brigitte revisite l'estaminet avec brio

L’initiative de Clément Richevaux, à contre courant, met à l’honneur le patrimoine culinaire régional et rencontre un vif succès. Réjouissant.