La Maison des bienheureux, une nouvelle table dans un écrin remarquable

L'ambition « semi-gastronomique » de La Maison des bienheureux reste à établir. L'ambition « semi-gastronomique » de La Maison des bienheureux reste à établir.

Plus qu'un restaurant, c'est tout un ensemble de grande allure qui vient de prendre place dans cet ancien haut lieu entrepreneurial du grand boulevard. L'ambition « semi-gastronomique » reste à établir.

La Maison des bienheureux est installée dans l’ex-domaine d’une grande famille du Nord, aménagé fin XIXe, le long du grand boulevard menant vers Tourcoing. Le manoir, devenu le siège de diverses grandes entreprises (La Redoute, Promod), a bénéficié d’un entretien attentif qui l’a maintenu en état. La Maison comprend, sous la houlette de Romain Petit, le créateur ambitieux du restaurant Le Félicie à Loos (Eco121 n° 98), un bar à cocktail, une cave à vins, un hôtel de 15 chambres à thème (110 à 350 €), et un second restaurant Félicie d’une centaine de couverts, qui nous intéresse aujourd’hui. Un large couloir d’où l’on voit les chefs s’affairer dans la vaste cuisine le relie à un immeuble contemporain transparent de location de bureaux à la carte, géré par la société Howel. L’ensemble a « de la gueule », particulièrement le soir avec les éclairages.

Le restaurant comprend trois salles au rez-de-chaussée du manoir : le bar, aux murs de bois blond, qui a gardé l’ambiance chaude de l’époque, une grande salle rectangulaire, boiseries murales noircies et briques, et une salle blanche en longueur un tantinet sur-éclairée le soir. Le mobilier, fonctionnel, espacé, est bien pensé.

L’ambition est d’y servir, dans un cadre exceptionnel, une cuisine « semi-gastronomique » à prix serré. Pour cela, la carte se réduit, midi et soir, à un menu (25€ et 35€) de 3 entrées, 3 plats, 3 desserts, le troisième choix de chaque étant à supplément.

Après deux petits amuse-bouches, houmous vinaigré et mini-croquette de pomme de terre, notre choix se porta sur une « lasagne-ricotta-praliné-noix-épinards » (ci-contre) et « œuf mollet-parmesan-lard-oignons (+7 €) ». La présence insoupçonnable de l’épinard et la consistance des deux lasagnes qui enserraient un appareil agréable ont compromis l’intérêt d’une composition prometteuse ; l’œuf mollet en sauce sous un voile de lard fumé, sans innovation forcée, fut agréable sans pour autant justifier son supplément de prix.

Passons au plat « Pêche du jour-chou-fleur-fruit de la passion-verveine ». Le lieu avait été salé avant son rôtissage, ce qui le rendit sec et ferme malgré le secours des fruits de la passion et la mousseline dont on ne devinait pas qu’elle fût de chou-fleur. Quant au « paleron-chou rouge-baies roses-vin rouge », de conception plus sage, sa très bonne consistance moelleuse manquait du bon goût typique de cet excellent morceau, et le chou rouge, bien qu’un rien sec, était reconnaissable, sans revisite inappropriée. Les desserts, panais-raifort-mascarpone (ci-contre) et poire-feuilletage-sarrasin (+5€), terminèrent honnêtement cette expérience.

Du coté des vins, si le blanc de Provence (9€) était agréable et à température adéquate (pas trop froid), le haut-médoc (7€) et le minervois la Livinière (10€) n’avaient pas la puissance annoncée.

Le jeune service en uniforme, chemise bleue et chino ocre, est décontracté et serviable. Le lieu, fort attirant, a de quoi charmer les yeux, mais les palais avertis n’auront peut-être pas le même étonnement ravi. Lors de notre visite du Félicie de Loos en 2020, peu après l’ouverture, il ne nous avait pas semblé avoir la même ambition « semi-gastronomique ».

LE FÉLICIE DANS LA MAISON DES BIENHEUREUX

35, avenue de la Marne, 59290 Wasquehal

Fermé dimanche soir

Tél 0374099667

www.maison-des-bienheureux.com

Menu 25-41€ le midi en semaine, 35-54€ le soir et week-end. 

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