Les Toquées essaiment en sous-sol en format bistrot

Les Toquées de Benoît Bernard, c’étaient, depuis août 2018, un restaurant chic (Eco121 N°89) et six belles chambres d’hôtes dans une maison bourgeoise sur les rives boisées de la Deûle. S’y ajoutent depuis quelques mois une épicerie fine et un « Bistrot canaille », que le chef à la forte personnalité a confié à la passionnée Olivia Provoyeur, connue à la Laiterie. L’accès au bistrot se fait au rez-de-chaussée par l’épicerie où sont exposés des produits sélectionnés : belles charcuteries et plats du basque Louis Ospital, mini sardines Kaviari, viandes et poissons fumés, poutargue, plats préparés ainsi qu’une collection de vins, pouvant être servis à table à la demande (avec un droit de bouchon fixe de 10€ pour le vin).

Le décor clair, simple et gentiment brut est fait de bois blanc vieilli pour le mobilier sur un sol rustique de pierres bleues des Ardennes, avec vue sur le jardin, sans oublier nappes et serviettes blanches.

Le seul menu, entrée, plat, dessert à 33€, renouvelé quotidiennement, se compose de 3 choix bien ouverts, dont un poisson. Lors de notre visite, après délicats rognons et foies de lapin, rillettes marines sur brioche ou bouchées de croque-monsieur truffé en amuse-bouche, l’œuf parfait aux morilles avec tout leur parfum forestier, les délicates petites sardines aux coques à cuisson douce en sauce vierge, le saumon gravlax aux agrumes poursuivent avec entrain l’entrée en matière. Pour continuer le ballet des saveurs, on résistera difficilement aux plats principaux: le tendre et copieux agneau de lait des Pyrénées avec ses pommes grenailles et asperges vertes, la pêche du jour, cabillaud juste bien rôti sur peau, la blanquette de veau garnie de carottes et navet en volume, ne sont pas des échantillons.

La finale s’est faite avec un beau baba au rhum moelleux aux agrumes, et un paris-brest un peu trop consistant. En l’absence de carte, voici une sélection de ce qui aurait pu faire notre bonheur un autre jour, au gré des chefs et du marché : croquettes de crevettes, soupe d’étrilles, velouté de cèpes, tripes grillées, rouget grondin topinambour, saucisse de Morteau lentilles, mulet chou-fleur poutargue, rognon de veau aux cèpes, amandine poire, cube chocolat caramel, figues rôties crumble et citron vert.

Le même esprit vif et généreux du restaurant de l'étage souffle sur ce Bistrot Canaille, pour preuves les champignons, si fragiles, qui ont toujours le goût de sous-bois et les attentions inattendues.

Pour les vins au verre, il faut se fier au choix sûr de la maison, le bordeaux supérieur Château Dallau 2012 est remarquable, pas moins que le Plan de Dieu domaine Durieu 2018 ou le côtes du Rhône En Goguette. Ici, on l’a compris, tout a de la personnalité, derrière ce qui peut paraître a priori un peu désinvolte, la maison est animée d’un authentique savoir-faire sérieux, exigeant, élégant et généreux. L’atmosphère est animée, bon vivant, avec un service aimable et efficace. Un vrai lieu de vie comme le sou- haite Ben et comme on en redemande.