L'Origine, une jeune table ambitieuse à la campagne

27/10/2022 Didier Nicolas Détente

Gouy-en-Artois. Maellie Poynard et Alexandre Laboureur ont quitté la rue de Paris à Lille pour ouvrir leur établissement en pleine campagne arrageoise.

Maellie Poynard et Alexandre Laboureur sont jeunes et pleins d’enthousiasme. Ils ont quitté leur petit restaurant du centre de Lille « A la maison» pour ouvrir une table plus spacieuse en pleine campagne à Gouy-en-Artois, non loin d’Arras. Lui s’affaire en salle, elle en cuisine. Il a mûri son expérience à la Part des Anges d’Anthony Chevalier, œnologue réputé. Elle, après un centre de formation lillois, a appris la cuisine dans divers restaurants dont les Hauts de Lille (Eco121 n°119) et surtout Clément Marot, après un stage au Plaza Athénée.

L’on entre dans un ancien corps de ferme qui fut aussi le café du village, par sa cour carrée, élégamment éclairée. La salle de restaurant en angle, spacieuse, a été mise sobrement à l’air du temps, dans les tons gris et clairs, tables en bois blanc, fauteuils tulipe.

Le midi est servi un menu du jour à 25 €. Le soir, en plus d’une carte très courte (bœuf japonais en tataki et rôti le jour de notre visite) sont proposées des formules à l’aveugle de 40 à 70 € selon le nombre de services (3 à 6), pouvant être accompagnées d’« accord vins ».

La cuisine est aussi dans l’air du temps : pétales de fleurs, présentation photogénique et désir d’étonner. Ainsi les plats sont nommés selon la mode par l’énumération des ingrédients qui les composent ou plutôt y sont associés, parfois de façon anecdotique, si possible avec noms obscurs (exotiques, techniques, ou d’origine), qui font davantage chanter l’énumération que la dégustation.

Nous commençâmes avec, en guise d’amuse-bouche, une « tuile aux drêches (résidu solide de la bière), crème d’ails fumés d’Arleux, œufs de lump, et tagètes (fleurs) ». Plaisant. En première entrée, « Carpaccio de saint-jacques du Boulonnais, œufs de maquereau fumés, perles citron yuzu, vinaigre balsamique, roquette sauvage ». Le yuzu est un citron japonais. Garni de framboises envahissantes ; la délicatesse de la coquille, très fraîchement décoquillée, n’en demande pas tant (frustrant pour un chef !). Seconde entrée : « Oignon rôti, langoustines, oignons pickles, bisque de langoustine, pousse pak choï». Le pak choi ou bok choï est une variété de chou chinois. La langoustine, crue, est-elle dans son meilleur appareil ?

Ensuite, vint le «bœuf de Galice maturé 40 jours, poire rôtie, légumes croquants (radis, chou fleur) cresson, vinaigre de courges, huile de noisette ». Le bœuf, dans la noix d’entrecôte, même un peu cuit, était remarquable, mais mal servie par une salade froide trop croquante, les haricots de Paimpol annoncés par erreur mais finalement servis furent bien plus aimables pour le bœuf. La clôture se fit par « Clafoutis potimarron, crème de marron, tagètes, poudre de graines de courges torréfiées, granité à la bière ». Joli et sans grand intérêt.

Tout cela est très jovialement servi par Alexandre, avec un très bon pain de la boulangerie arrageoise Levain du Nord et arrosé d’un bon choix de vins. L’attention chaleureuse va jusqu’à proposer en fin de repas le détail du menu dégusté avec dédicace de la cheffe. En complément, Alexandre s’est passionné pour la fabrication de la bière, il a installé une petite brasserie dont il pourra commercialiser la bière incessamment et proposer des « accords bières ».

L’ORIGINE
Ouvert du mercredi
au samedi 12h-14h
et jeudi au samedi 19h-22h30
16 rue de Monchiet 62123 Gouy-en-Artois
T 03 21 22 35 40 www.originerestaurant.fr