Antoine Motte, la vie en 3D
L’entrepreneur valenciennois, déjà à la tête de sept entreprises innovantes, a pour ambition de résoudre le problème du mal-logement en France.
C’est son fiston de 7 ans qui lui a donné l’idée de sa première entreprise. Antoine Motte avait imprimé en 3D une statue de 7 cm de Yoda, le personnage de Star Wars. Il lui avait dit alors que, grâce à l’impression 3D, la famille n’aurait désormais plus besoin que d’eau et de nourriture. Tout le reste pourrait être imprimé. «Ma chance, ça a été d’écouter mon fils », s’amuse cet ICAM Lille, passé par Vinci et Bouygues. Il lance alors Machines-3D, pionnier dans la distribution d'imprimantes 3D.
Dix ans plus tard, Antoine Motte dirige pas moins de sept entreprises, qui tournent toutes d’une façon ou d’une autre autour de l’impression 3D. Elles sont installées au sein de la Citadelle des savoir-faire que l’entrepreneur bâtit à Bruay-sur-l'Escaut, en périphérie de Valenciennes : Constructions-3D (fabricant d’imprimantes 3D de construction, 23 salariés), Machines-3D (11 salariés en France, 3 en Belgique), Termix-3D (fabrication de mortier 3D pour la construction, usine en installation), Imo-3D SCI (gestion immobilière et construction de La Citadelle), Résine-3D (fabrication de résine pour l’impression 3D, céramique, dentaire), Solar-3D & Farm-3D (projets en incubation). Enfin, l’association de L’Eléphant de la quête, qui entend apporter des solutions au mal-logement des orphelins. Au total, 45 personnes sont employées, pour un chiffre d’affaires tenu secret.
En finir avec le mal-logement
A 40 ans l’an prochain, ce père de trois enfants estime que l’impression 3D est LA solution au mal-logement. « On peut faire faire l'isolation de 60 000 logements dans le Nord, juste avec nos propres ressources. Les murs sont conçus avec des argiles locales, à l’intérieur desquels on insère de la paille de lin. Construire des maisons est un enjeu stratégique pour le pays. Si les frontières ferment, on ne sera même plus capable de produire du béton. »
Le résultat s’apprécie déjà au sein de La Citadelle des savoir-faire, avec le premier pavillon imprimé en 3D en France, qui date de 2019. En 2021 avait été construit l’espace d’accueil, avec son toit en béton, Actuellement, une tour de 14 mètres de haut et trois étages prend forme peu à peu. « C’est important de montrer que c’est possible, sou- ligne le dirigeant. Ça nous permet aussi d’apprendre au fur et à mesure. » A l’exception de l’entrepôt initial de 1 500 m2, le reste des bâtiments, soit près de 5 000 m2, sera imprimé en 3D. A terme, la Citadelle pourra accueillir jusqu’à 250 personnes. Pourquoi pas d’autres entreprises ?
Elle hébergera aussi... un gigantesque éléphant. L’an dernier, sortant du salon Made in Hainaut, Antoine Motte tombe sur une réplique de l’éléphant de la mémoire de Napoléon, commandée par le Département pour les festivités du bicentenaire de la Révolution en 1989. Haute de 13 m, pesant 17 tonnes, la statue est à l’abandon depuis des années dans la friche minière de Wallers. Antoine Motte a entamé des tractations pour récupérer le pachyderme et l’intégrer à sa Citadelle. Car l’entrepreneur y a vu un vrai signe du destin: à l'âge de cinq ans, il avait construit une maquette en carton de ce même éléphant. Il s’agissait d’un cadeau d’un magazine pour le bicentenaire. « Cet éléphant représente les débuts du numérique, de l’impression 3D, du scan 3D. Moi qui suis dedans tous les jours, ça me paraît important de le préserver, voire de l’améliorer.»
Ces articles peuvent également vous intéresser :
Ponera, l'éclosion d'un major du e-commerce
Aux confins de l'aérodrome de Valenciennes, le petit opérateur de marketplace connaît une trajectoire météorique. Mais ses fondateurs gardent la tête froide... et leur indépendance.
Olivier Remoissonnet, le patron qui a sauvé la brosse à dents française
Militant de l'industrie française, ce natif de l'Oise a choisi, il y a dix ans, de relancer une production 100% française de brosses à dents en misant sur des produits éco-conçus. Un pari aujourd'hui réussi.
Thomas Lebeurre veut mettre sa griffe sur les vêtements de travail
A la tête de l'entreprise familiale centenaire spécialisée dans les vêtements de travail, le Pdg de Lebeurre SAS a impulsé une structuration de l'entreprise qui lui a permis de quintupler ses ventes et de se tourner aujourd'hui vers l'international.
Daniel Essa : De Damas à Roubaix, il impose sa griffe
Trois ans après son arrivée en France, le styliste éponyme, réfugié de guerre, lance sa marque de baskets de luxe. Depuis son atelier roubaisien, il chausse des clients dans le monde, dont des stars américaines.
Ludovic de Gromard veut marier IA et entrepreneuriat social
A 34 ans, après un parcours international déjà riche, Ludovic de Gromard dirige Chance, start-up pionnière de la «psytech». A son appel "Provoquons la Chance", des personnalités publiques répondent en ouvrant leur carnet d'adresses à des bénéficiaires.
Cauet veut créer le Netflix du podcast à Plaine Images
A 50 ans dans deux mois, dont 37 dans l'univers de la radio qui l'a rendu célèbre, l'enfant de Marle-sur-Serre revient dans sa région. Pour monter avec l'écosystème de Plaine Images rien de moins que le leader français du podcast.
Jean-Marie Savalle, dresseur de licorne agricole
En quarante ans, l'ex enseignant chercheur de l'Institut supérieur d'agriculture de Beauvais a fait de son entreprise innovante une licorne européenne des logiciels agricoles. Il ambitionne d'atteindre les 5 000 salariés et les 500 M€ de chiffre d'affaires d'ici 2030.
Avosdim : Adrien Lombart veut changer ... de dimension
Depuis 2008, ce start upper béthunois vend des stores sur mesure sur le web. La success story s'est amplifiée avec la crise sanitaire et Adrien Lombart prévoit une grosse phase d'accélération. Au programme : déménagement, internationalisation, industrialisation, levée de fonds et créations d'emplois
Guillaume Deleau, l'appétit de l'inox vient en mangeant
Alors que la crise sanitaire a secoué en profondeur les métiers de bouche, le gros de sa clientèle, le patron de Sofinor vient de conduire une reprise stratégique à Lyon. De quoi porter le groupe spécialiste des équipements inox à 28 M€ de ventes et viser les 50 M€.
Laurent Hubard pilote une spin-off du CNRS et du CEA pour développer une batterie sodium-ion, alternative au lithium chinois. Un projet de souveraineté économique, porteur de100 emplois, au cœur des Hauts-de-France. Electrisant.